


BELARUS TODAY, BIELORUSSIE . 2020
Dans l’imaginaire collectif, la Biélorussie est encore un état pauvre aux routes défoncées, ponctué d’industries polluantes et habité par des gens gris et froids comme leur pays. En vérité, les routes sont impeccables et et sa capitale, Minsk, attire les entreprises spécialisées en technologie informatique et les investisseurs chinois. On y paye le bus en collant son smartphone sur une borne et on trouve des Bubble tea à tous les coins de rue. Bref, la Biélorussie n’est plus ce qu’on imagine.
Le dernier état totalitaire d’Europe est en fait un monstre à deux têtes. Aux confins de l’Europe, il fait le grand écart entre ses racines soviétiques et une nouvelle génération occidentalisée résolumment consommatrice. Les choucroutes blondes permanentées des années 80 jouxtent maintenant de jolies tignasses bleues et roses dernier cri. Des brochettes de jeunes filles scrollent sur leur smartphone sans ciller dans les rames de métro désuètes. Et, des bandes de garçons siglés de la tête aux pieds passent devant la statue de Lénine sans se rendre compte du loufoque de la situation. Lui qui haïssait le capitalisme doit se retourner dans sa tombe.
Hormis les centres commerciaux, temples modernes du consumérisme, d’autres lieux - autrefois interdits - font de nouveau partie du paysage. D’abord, les églises orthodoxes qui flamboient dans chaque ville et chaque village alors qu’en Union soviétique, la religion était bannie et les lieux de culte détruits. Mais aussi, les casinos et salles de jeux qui brillent de mille feux la nuit et que l’on trouve absolument partout !
Malgré tout, l’héritage communiste est bien là. Le pays est toujours marqué par son architecture stalinienne d’après-guerre, ses fantastiques mosaïques soviétiques et ses noms de rues évocateurs comme la « Rue des partisans », ou encore la « Rue Karl Marx ». La plupart des entreprises sont restées nationalisés ainsi que les Kolkhozes, ou fermes collectives. Mais aujourd’hui, sa population aspire au changement. Elle souhaite devenir - enfin - une démocratie. Alexandre Loukachenko, dernier dictateur d’Europe, à la tête du pays depuis 26 ans, fait face à un soulèvement massif de sa population depuis sa réélection le 9 août 2020. Particulièrement au sein de la nouvelle génération biélorusse, né après la chute de l’URSS en 1991 et n’ayant connu que lui au pouvoir.
Ses tords selon eux ? Avoir mis en prison ses principaux opposants avant les élections, avoir falsifié les résultats et avoir torturé massivement journalistes et manifestants depuis. Son capital sympathie est donc au plus bas bas, voir carrément négatif. La question est maintenant de savoir si la population obtiendra ce qu’elle souhaite ou si la Russie viendra soutenir militairement Loukachenko en cas de besoin…
































